Dehl-von Kaenel Christiane, Dresden, Staatliche Kunstsammlungen Skulpturensammlung. Mit einem Anhang zum Kunstgewerbemuseum. Geometrische und korinthische Keramik (Corpus Vasorum Antiquorum, Dresden, 4 ; Deutschland, 106), Munich, Beck, 2019, 1 vol. 119 p (2024)

1 Christiane Dehl-von Kaenel, à qui nous devons déjà plusieurs fascicules de la série allemande du Corpus Vasorum Antiquorum (Berlin, Antikenmuseum, 6et 10; Göttingen, Archäologisches Institut der Universität, 2), nous présente un nouveau volume dédié à la céramique géométrique et corinthienne. Le volume porte sur deux collections de Dresde: celle de la collection des Sculptures (Skulpturensammlung) et celle du musée des Arts décoratifs (Kunstgewerbemuseum). Parmi les 96vases publiés dans ce volume, 72sont corinthiens et 24sont attiques et béotiens de l’époque géométrique. La majorité des œuvres est présentée et illustrée pour la première fois.

2 L’introduction est assez courte et s’appuie sur les volumes précédents du CVA de Dresde, mais on aurait aimé une introduction un peu plus longue présentant les sources de la collection de l’Antikensammlung pour que le lecteur ne soit pas obligé de s’orienter vers le volume précédent (CVA, Dresden, 1) pour davantage de renseignements. Il aurait été utile aussi d’ajouter une introduction sur le musée des Arts décoratifs et sur l’historique des vases de cette collection présentés dans le volume.

3 On peut parfois discuter la logique du catalogue et l’ordre dans lequel les vases y sont présentés. Par exemple, pourquoi les alabastres de la période de Transition se trouvent-ils à deux endroits différents(pl.17.13-16 et 25.1-9)? Pourquoi les alabastres de la période corinthienne sont-ils placés après les aryballes à fond plat? Pourquoi les aryballes à hoplites sont-ils après les aryballes à quatre feuilles, et, parmi les aryballes à hoplites, pourquoi ceux à fond en «chute de neige» sont-ils placés après l’aryballe à hoplites à fond réservé, etc.? Le fragment d’embouchure d’un aryballe du typeA (comme NC no805), présenté avant l’aryballe annulaire, n’est pas non plus à sa place.

4 Les notices sont claires et bien structurées. On retrouve toutes les informations concernant les œuvres; même les capacités des vases sont renseignées! Les descriptions sont étoffées et accompagnées d’un commentaire détaillé et de nombreux (parfois un peu trop) parallèles, plus ou moins proches. Dans le cas des aryballes corinthiens subgéométriques (pl.17.1-12, 49.1-4) et des peintres, qui ont récemment fait l’objet d’une présentation approfondie par Kees Neeft (e.g.Peintre d’Hipponion, pl.32.6-9; 33.7-8), un commentaire plus court aurait été largement suffisant.

5 Une grande partie des vases a été acquise à partir de collections privées ou sur le marché antiquaire. Peu de vases possèdent donc une provenance. On peut mentionner Menidi comme le lieu de découverte d’un pichet géométrique issu de l’atelier du Peintre de Hirschfeld, portant une scène de prothésis (pl.8.1-4). Le cratère chalcidien du Groupe du peintre d’Andromède vient de Chiusi. Plusieurs vases corinthiens sont issus de la collection du prince Emil vonSayn-Wittgenstein-Berleburg, qui rassemblait les vases issus de ses fouilles à Cumes et d’autres acquis par l’intermédiaire du marché antiquaire local (Nola, Cumes, Capoue). D’autres vases corinthiens de sa collection sont conservés au musée des Beaux-Arts de Budapest (cf.CVA, Budapest, 3). Plusieurs vases géométriques et corinthiens viennent de Laurion, dont une pyxide géométrique trouvée plus précisément dans la nécropole de Kamarisa près de Laurion. On compte aussi parmi les provenances Camiros, Corinthe, Mélos, Mycènes, Thèbes. Athènes est marquée comme provenance pour plusieurs vases corinthiens et attiques acquis de la collection de Paul Ziller, le frère de l’architecte-archéologue Ernst Ziller, ou via divers marchands. Pour ces vases, rien n’assure qu’ils ont été trouvés à Athènes; il aurait été préférable de nuancer un peu, par exemple «acquis à Athènes». Pour d’autres, on ne possède aucune information concernant leur origine et la manière dont ils sont entrés dans la collection (par exemple l’aryballe ZV.2656, pl.19.5 et6, provenant de l’Acrocorinthe).

6 Le plus ancien vase est un skyphos-cratère du Protogéométrique moyen décoré de cercles concentriques. Parmi les vases géométriques, on peut mentionner deux pyxides attiques munies de couvercles surmontés d’un ou plusieurs chevaux plastique(s); un grand cratère-pyxide avec couvercle de Laurion; une amphore dont le panneau sur le col est décoré par deux chevaux encadrant un trépied, attribuée par Coldstream à l’atelier des swastikas crochus. Dans le commentaire d’un petit vase réalisé par surmoulage d’un panier à vannerie provenant de Laurion (pl.7.9-10), il manque les excellentes études de J.Lebegyev-Haas («Tracing a lost craft: Basketry in Late Geometric Attica», H.Lohmann, T.Mattern[éd.], Attika: Archäologie einer «Zentralen» Kulturlandschaft, Wiesbaden, 2010, p.102-119; «Interactions between basketry and pottery in Early Iron Age Attica, Greece», K.Rebay-Salisbury, A.Brysbaert, F.Foxhall[éd.], Knowledge Networks and Craft Traditions in the Ancient World, NewYork, 2014, p.104-126), dans lesquelles, d’ailleurs, l’exemple de Dresde est également mentionné. Ces vases ont été fabriqués en Attique durant une cinquantaine d’années (Géométrique récent Ib-II), probablement pour un usage funéraire dans les sépultures féminines et certaines tombes d’enfants. Mis à part le reste des vases géométriques attiques (kalathos, skyphoi, bol et bol à pied haut), plusieurs vases béotiens complètent la collection: un canthare décoré d’un côté par une scène de danse féminine devant un musicien et de l’autre par une scène de boxe encadrée par deux personnes armées, deux pyxides et un kalathos.

7 Le plus ancien vase corinthien est un canthare de la «classe de Thapsos» datant de la fin du Géométrique récent. Parmi les vases protocorinthiens, on trouve plusieurs aryballes de tradition subgéométrique. Un aryballe conique (inv. ZV1672, pl.15.5-8) a été attribué à juste titre par J.L.Benson au Groupe sigmatoïde de Naples, à l’atelier des coqs réservés. Il est difficile de comprendre pourquoi l’a. ajoute à cette attribution «ou dans le cercle de l’atelier». Seul l’un d’entre eux, un aryballe ovoïde du Protocorinthien moyen provenant de Camiros, porte un décor figuratif: un homme armé conduit un quadrupède (cheval?) précédé par deux hommes armés (l’un d’eux conduit un quadrupède), sous l’anse, un lion ou chien. On note quelques vases de la période de Transition, des alabastres (à décor de filets, à décor en écaille, un alabastre décoré d’un sphinx et un autre décoré d’un protomé de taureau et d’un protomé de lion, ces deux derniers étant placés un peu plus loin dans le catalogue avec les alabastres du Corinthien ancien) et un couvercle de pyxide.

8 Pour la période comprise entre le Corinthien ancien et le Corinthien récentI, on peut mentionner un intéressant aryballe attribué au Groupe du guerrier, décoré de trois hoplites avançant vers la gauche en face d’une panthère (pl.18.1-4). Le Groupe du lion est représenté par un bel aryballe décoré de coqs affrontés encadrant un serpent (pl.18.3-8). Deux oiseaux antithétiques décorent un aryballe du typeE. Un aryballe plus grand est décoré d’un oiseau-panthère; un autre d’un cômaste et d’un oiseau aquatique. Une erreur subsiste dans le texte: l’aryballe ZV2656 (pl.19.5-6) n’a pas été attribué par C.W.Neeft au Peintre de Kalauria dans son article cité dans la notice, mais au Peintre de Valleggia. Les aryballes aux hoplites sont représentés par trois exemplaires et un aryballe à quatre feuilles complète la série des aryballes ronds. Le seul aryballe annulaire est décoré par le Peintre de Blaricum (cavaliers marchant vers la gauche, pl.20.11-14). Il y a quatre aryballes à fond plat (attribués respectivement au Peintre de la chimère, au Peintre de la sirène de Munich, au Peintre de Laurion et au Peintre des lions ailés). Deux petit* alabastres sont décorés de bandes et de points et un grand, du Corinthien ancien avancé, d’un sphinx aux ailes déployées. Le même motif apparaît aussi sur un grand alabastre de la Transition du Corinthien moyen au Corinthien récentI. Il faut également mentionner l’alabastre du Peintre du Laurion (coq tourné à droite, pl.28) et un autre décoré par le Peintre de la sirène de Munich (oiseau griffon aux ailes déployées, pl.29). Parmi les trois œnochoés, une seule, attribuée au Peintre de Dodwell (pl.30-31), porte un décor figuratif (frise d’animaux et une femme entre deux personnages masculins). Le seul amphorisque de la collection est dû au Peintre de Hipponion, auquel on doit aussi une pyxide à paroi concave avec anses (Dr.106, pl.33.7-8 et 34.1-4), avec un dipinto sur le fond. Une pyxide à paroi convexe sans anse, décorée d’une frise animalière, a été attribuée par C.W.Neeft au Peintre de Syracuse53809 (Dr.108, pl.30.3-5), un peintre du Groupe de l’ornement en écaille; elle partage en effet certaines caractéristiques communes avec la pyxide du musée Rodin (CVA, Musée Rodin, pl.5.6-7) comme l’observe l’a., mais je ne pense pas qu’elles soient dues à la même main. Certaines incisions appliquées sur la pyxide de Dresde trouvent des parallèles sur une pyxide d’Uppsala (cf. M.Blomberg et al., CVA, Lund, 2; Uppsala, 2; Sweden, 5, Stockholm, 2020, pl.3-4). Trois cotyles à décor animalier du Corinthien moyen (Dr.103-105, pl.38-40) provenant de la collection du prince vonSayn-Wittgenstein-Berleburg sont en effet, comme l’observe l’a., décorés par le même peintre. Ils ont été acquis en1873 en trois lieux différents: Capoue, Cumes et Nola. On s’interroge sur la fiabilité de la provenance de ces vases, se demandant si elle n’a pas été corrompue au fil du temps. Ne pourrait-il s’agir plutôt de cotyles trouvés ensemble (probablement dans la même sépulture)? Un dernier cotyle à f.n. à décor animalier (pl.41.4-6) date du Corinthien récentI.

9 Les vases les plus impressionnants de la collection sont peut-être les deux cratères et l’hydrie. Le cratère à colonnettes (pl.42-43), décoré d’une scène de combat sur la faceA et de deux cavaliers suivis par un homme tenant une lance sur la faceB, vient de Nola et a été également acquis via la collection Wittgenstein. Ce vase datant du Corinthien moyen est en effet proche des œuvres du Peintre de Munich237. L’autre cratère (ZV1604, pl.44.3, 5-6 et pl.45-46, décoré sur la faceA d’une scène de danse où les personnages sont nommés par des inscriptions –Ρορις, Μυρος, Σιμα, Διον, Fαρις, Μυρις, Διον, Μυρις, Λαιδας, Fαχυς; sur la faceB, trois cavaliers galopant), de type chalcidien, a été découvert à Chiusi. L’Étrurie était en effet un débouché important pour cette production tardive de cratères chalcidiens, mais les trouvailles récemment publiées (cf. K.Neeft, Argilos1. The Corinthian Pottery, Athènes, 2020, p.112) montrent qu’ils ont été également recherchés dans le nord de la Grèce. Il est bien attribuable au Groupe d’Andromède; on ne comprend pas pourquoi l’a. ajoute à l’attribution «ou dans le cercle du Groupe». L’hydrie, provenant de Nola (pl.47-48), représentant trois cavaliers galopant, est issue également de ce groupe.

10 Les vases à décor figuratif composent la majorité de la collection. Pour les autres, on note une pyxide à paroi concave (décor à bandes et à points) qui date du Corinthien ancien; une pyxide tripode du Corinthien récentI (chaîne de boutons de lotus, pl.36.1-3), deux pyxides à poudre de l’époque classique (pl.36.4-9; une lékané réservée du vesiècle (pl.36.10-13) et trois exaleiptra (pl.37). Le «biberon» (pl.8.10-11) est une forme assez rare. En plus des cotyles à f.n., il y a un cotyle noir datant du Corinthien récentI et un cotylisque décoré dans le «style conventionnel». Pour les vases hauts clos, on note une œnochoé à fond large du Corinthien récentI et une un peu plus ancienne à pied étroit vernissé avec des compartiments incisés sur l’épaule.

11 La collection du musée des Arts décoratifs possède deux aryballes ovoïdes décorés par des écailles incisées et deux alabastres de la période de Transition, l’un décoré par deux lions héraldiques avec un serpent sous l’anse, l’autre, attribué au Peintre d’Ardéa, par un lion affrontant un taureau. Une pyxide à poudre de l’époque classique complète la série.

12 L’index détaillé à la fin de l’ouvrage facilite son utilisation. Le catalogue est illustré par des planches réalisées entièrement en couleurs avec des photos de bonne qualité et des vues de détail là où c’était nécessaire. Pour certains vases, des détails du décor sont également dessinés. La plupart des profils sont reproduits en dessin. Il est dommage que les photos de l’aryballe annulaire du Peintre de Blaricum soient trop petites. Il manque certaines vues, par exemple quelques fonds d’aryballes ou le dessus des plats d’embouchures et quelques profils. Ce catalogue bien préparé, imprimé avec soin et en bonne qualité, s’inscrit dans la belle série du Corpus Vasorum Antiquorum allemand et répond complètement aux attentes des utilisateurs.

Dehl-von Kaenel Christiane, Dresden, Staatliche Kunstsammlungen Skulpturensammlung. Mit einem Anhang zum Kunstgewerbemuseum. Geometrische und korinthische Keramik (Corpus Vasorum Antiquorum, Dresden, 4 ; Deutschland, 106), Munich, Beck, 2019, 1 vol. 119 p (2024)
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